Nicolas Phineas : Docteur POBEDA, comment en êtes-vous arrivé à l’hypnose comme pratique exclusive ?

Docteur Stéphane Pobeda : J’ai utilisé l’allopathie, l’homéopathie et la phytothérapie, mais ces dernières méthodes ne couvrent pas l’ensemble des possibilités thérapeutiques. En hypnose médicale, nous recevons souvent les échecs de ces méthodes, des patients en impasse thérapeutique qui ont tout essayé et d’autres attirés par des thérapies brèves avec résultats rapides, ou simplement qui sentent un besoin de complément.

 

N.P. : Quel est votre parcours ?

Dr S.P. : Spécialisé en médecine générale des adultes et des enfants et en gérontologie, j’ai développé un intérêt pour les phénomènes du vieillissement (antioxydants…). Je me suis vite aperçu que certaines situations relevaient d’autres techniques, malgré la compétence du corps médical avec les méthodes classiques. L’hypnose s’est imposée de plus en plus dans ma pratique avec des résultats enthousiasmants que je n’aurai jamais pu obtenir autrement. Le monde scientifique ne doit pas se départir de cette puissante méthode en pleine modernisation. Cette méthode ancestrale connaît un rajeunissement spectaculaire !

 

N.P. : Pouvez-vous nous donner un exemple ?

Dr S.P. : Une petite fille dont les parents habitent un duplex en face d’un lieu d’attentat ne pouvait plus monter après cette tragédie à l’étage. Elle était bloquée depuis presque 4 ans ! Malgré toutes sortes d’interventions, c’était le blocage total. J’ai pratiqué une séance d’hypnose, et en revenant chez elle, elle est enfin remontée au 1er étage.
Je vais même vous donner un 2ème exemple : un psychologue m’envoie un membre de sa famille qui a la phobie des anesthésies, des blocs opératoires, des hôpitaux. L’opération devient urgente et il ne peut plus continuer à vivre avec une sonde palliative. 3 séances permettent l’opération salvatrice. Vous constaterez que l’hypnose fait bien partie des thérapies brèves.

 

N.P. : Dort-on en hypnose ?

Dr S.P. : J’ai l’habitude de dire à mes patients que s’il suffisait de dormir pour guérir cela serait si facile ! Nous induisons en fonction de la pathologie et des patients des états de conscience modifiés plus ou moins profonds ; le patient a des états de perception variés au cours d’une même séance. Il y a différentes parties dans la séance : induction….C’est du sur-mesure, pas du prêt-à-porter. Aucun patient n’est pris en charge de la même manière. C’est tout l’art du médecin hypnothérapeute.

 

Pourriez-vous imager l’hypnose ?

Dr S.P. : Vous êtes sur un bateau en pleine mer et soudain le moteur ou les voiles ne fonctionnent plus. Vous êtes immobilisé ! Il faut redémarrer le bateau, le mettre en mouvement et chercher un détenteur du permis de navigation, qui a un cap (diagnostic, anamnèse…), qui connaît les dangers des récifs (contre-indications…) et qui sait quelle est la berge la plus appropriée pour vous.

Ou encore, quand vous êtes malade, vous êtes comme un conducteur de voiture, vous prenez le péage, puis l’autoroute pour arriver le plus vite possible au but. Mais parfois, voilà, il y a un accident, un embouteillage ou pire encore vous avez la phobie des autoroutes. L’hypnose, c’est prendre un petit chemin de campagne pour contourner le problème, s’arrêter, voir les paysages, dîner dans une auberge, puis finalement, arriver au but avec plaisir, plus vite qu’on ne le croit.

 

N.P. : Qu’est-ce que l’hypnose éricksonienne ?

Dr S.P. : Milton Erickson (1901-1980) a modernisé avec d’autres cette science qui est pratiquée en fait depuis les dates les plus lointaines (Egypte antique, Grèce antique etc…). Au XIXème siècle, la France a pu s’enorgueillir d’avoir lancé l’hypnose (Mesmer, avec le magnétisme animal) qui s’est étendue vers l’Angleterre puis sur tout le Globe (Russie, Amérique…). Des psychiatres, des neurologues, moult généralistes utilisaient alors l’hypnose (école de Nancy et de la Salpêtrière). Erickson a montré de manière subtile qu’il fallait contourner les résistances des patients, faire alliance avec les malades. Pour Erickson, l’inconscient est plein de ressources, alors que pour la psychanalyse et la psychologie traditionnelle, il est très complexe et souvent le véhicule de peurs et problèmes.
En hypnose, nous cherchons à faire avancer le patient et à le mettre en mouvement. On ne peut conduire loin en ne regardant que le passé dans le rétroviseur. L’hypnose médicale est une des branches de la thérapeutique. L’hypnose n’est pas une religion et d’autres hypnotiseurs ont développé des procédés très intéressants. « Salus aegroti suprema lex » — la santé du malade est la loi suprême.

 

 

N.P. : Certaines personnes semblent avoir une appréhension pour franchir le pas.

Dr S.P. : En effet, j’ai constaté que certains patients m’ont dit avoir hésité pour venir, mais tous avaient été rassurés par le fait que je sois médecin. Le patient a son destin en main, à lui de choisir la bonne porte. Les personnels de santé ont une éthique inculquée dès le début de leurs études. Nous avons des patients et non pas des clients. L’hypnotisé garde contrairement à ce qu’on pourrait croire le contrôle et filtre, même en hypnose profonde, ce qui est bon pour lui. Son conscient et son inconscient font le tri de manière remarquable.

 

N.P. : Qui peut pratiquer l’hypnose ?

Dr S.P. : Il faut tout d’abord une solide formation. Il y a l’hypnose de spectacle (télévision, divertissements, de scène…) connue de tous, et l’hypnose médicale. Cette dernière consiste en un diagnostic précis basé sur l’expérience et le savoir médical, une mise en route des moyens adaptés à la situation. En somme, c’est la prise en charge du patient dans sa complétude. Confier son esprit et son corps ne se fait pas à la légère… Bien entendu, si dans l’idéal l’hypnose est du ressort du médecin, l’infirmière peut avoir une formation pour l’appréhension des soins douloureux ou la phobie des aiguilles ; le dentiste pour des anesthésies dentaires et la peur de certains gestes techniques. Certains psychologues cliniciens de haut vol se sont spécialisés en hypnose et pratiquent cette science avec habileté et déontologie.

 

 

N.P. : Quelles sont les indications de l’hypnose médicale ?

Dr S.P. : Je vous confie cette liste, pour vous faire une idée.

 

• Phobies – Etats de panique – Peurs – Névroses – Dépression – Troubles du sommeil – Stress et anxiété

 

• Manque de confiance en soi – Burnout – Surmenage – Tics – Tocs

 

• Séparations et décès pathologique – Traumatismes

 

• Préparation aux examens et aux épreuves sportives et entretiens professionnels

 

• Troubles du comportement alimentaire – Obésité – Boulimie – Anorexie…

 

• Sevrage tabagique – Addictions – Alcoolisme

 

• Enurésie – Encoprésie – Phobies scolaires – Problèmes pédiatriques – Hyperactivité avec trouble de l’attention

 

• Douleurs chroniques (Cancer, algodystrophie, rhumatisme, gastroentérologie, fibromyalgie, séquelles d’accidents, maladie de Lyme, SEP…)

 

• Problèmes dermatologiques (psoriasis – eczéma…) – Digestifs (RCH, maladie de Crohn, colopathie…) – Asthme – Allergies – Problèmes immunitaires – Potentialisation des ressources dans les maladies organiques

 

• Problèmes psychosomatiques – Hypochondrie

 

• Bégaiement

 

• Troubles sexuels psychologiques

 

• Régression en âge

 

• Grand âge et dégradation cognitive

 

• Préparation à l’accouchement – Stress préopératoire – Phobies des soins et des gestes techniques

 

• Acouphènes